2022 27 Juillet une Mine Sous la Mer.
à Flamanville là où se situe l'actuelle centrale nucléaire,dans un autre temps,il existait une mine de fer.
mais ce n'était pas une mine comme les autres,car les galeries étaient sous la mer!
départ à 14h00 sous un ciel chargé de nuages.
à mon plus grand plaisir la 350 HDA fait entendre le son de sa voix au premier coup de kick.
direction,la vallée de Quincampoix,puis Sideville par les petites routes.
premier arrêt en pleine campagne.
pour photographier de belles vaches Normandes.
elles me regardent,et prennent la pose pour la photo de groupe.
20 kilomètres plus loin,me voici en vue du port de Dielette.
les restes visibles de la mine.
au large on voit le wharf,qui servait au transbordement du minerai sur les bateaux.
le minerai était acheminé de la côte au wharf par un tranbordeur aérien.
plus près de la côte,les restes de la première pile du transbordeur aérien.
mais on verra le fonctionnement de la mine un peu plus tard.
pour l'instant,je suis sur la route touristique qui mène au port de Diélette.
sur la colline en face du port,des chevaux paissent tranquillement.
voyez comme l'herbe est sèche.
une fois le port de Diélette passé,je prends la route qui mêne au bourg de Flamanville.
sur la droite je trouve la cité Sainte Barbe.
nous sommes rue Charton.
les maisons des mineurs ont été relookées en 2014.
avant elles étaient comme à l'époque de l'activité de la mine.
à l'arrière de chaque maison,il y avait un jardin avec un potager,pour améliorer l'ordinaire de la famille.
certaines maisons étaient plus grandes.
je suppose qu'elles logeaient les chefs d'équipes,ou les familles plus nombreuses.
au centre des corons,il y a une place.
et sur cette place on a dressé une stèle.
à la mémoire des ouvriers de la mine.
certaines maisons sont bien fleuries.
une vue d'ensemble de la rue Charton.
la cité comprend une bonne cinquantaine de maisons,peut être plus.
il y avait un château d'eau,car en 1930 la cité minière était pourvue de l'eau courante,et les logements avaient même des WC à l'intérieur de la maison.
c'était des WC à la Turque mais c'était déjà un luxe à l'époque,car les paysans alentours allaient encore chercher de l'eau au puits,et avaient les toilettes au fond du jardin.
je quitte la cité,et je poursuis ma route.
sur la gauche,d'autres maisons plus imposantes abritaient les Porions.
on pourrait traduire le mot par ingénieurs.
en face il y a la maison du directeur de la mine.
elle a été construite en 1913.
pendant que je prends des photos,je suis abordé par un des locataires d'une maison de Porion.
fils de mineur,il me donne quelques renseignements sur la vie des mineurs,et sur la mine.
il me conseille vivement de visiter le musée de la mine.
c'est bien ce que j'avais l'intention de faire.
après l'avoir remercié de ses conseils,je lui donne ma carte,et je traverse le bourg,pour enfin arriver au musée.
un peu d'histoire.
tout commence par l'exploitation industrielle d'une carrière de granit.
nous sommes en 1830.
les carrières employaient alors jusqu'à 300 ouvriers.
les pierres extraites de cette carrière ont servi à construire une partie du port de Cherbourg,et aussi les jetées et les forts de la rade.
on s'en servit aussi pour construire l'arsenal,et plus anecdotique,le piédestal de la statue de Napoléon 1er à Cherbourg.
mais une grande quantité de pierres furent exportées à Paris sous formes de pavés.
pour exemple,la place de la concorde est entièrement pavée avec du granit de Diélette.
la mine de fer.
en 1855 un ingénieur Cherbourgeois du nom de Bérard entreprend des recherches sur l'importance du gisement de fer sous marin.
"on s'était aperçu depuis longtemps que les boussoles des marins s'affolaient à l'approche de la côte en face de Diélette."
le gisement était d'une teneur en fer exceptionnelle.
un premier puits N°1 fut creusé en 1877 tout près du port à 10 mètres de profondeur,d'où furent extraits 150 tonnes de minerai.
on construisit un autre puits N°2 plus profond à l'anse de Guerfa 500 mètres plus au sud.
il descendait à 55 mètres,et sa longueur était de 169 mètres.
mais des infiltrations d'eau trop importantes finirent par en avoir raison.
le 11 Février 1879 le puits N°3 fut creusé au cap de la Cabotière "en gros là où est l'EPR." ce puits faisait 90 mètres de profondeur.
les galeries s'enfonçaient à 600 mètres sous la mer.
en 1887 on extrait 18 961 tonnes de minerai,et en 1888 jusqu'à 25 000 tonnes.
un petit train Decauville emmenait le minerai jusqu'au port de Diélette,où il était chargé sur des petits caboteurs,qui le déchargeaient à Rotterdam pour ensuite l'expédier en Allemagne.
en 1907 un industriel Allemand le baron Fritz Thyssen prend la mine en main.
c'est lui qui a créé la SMN "Société Métalurgique de Normandie" à Caen.
une énorme aciérie qui a fonctionné jusqu'en 1993.
la mine est modernisée avec le puis N°4 qui s'enfonce à 150 mètres sous la mer.
la tour du puits N°4 construite par Thyssen.
puis on construit le transbordeur aérien " long de 642 mètres"
avec une station de chargement des bateaux,montée sur le wharf.
on pouvait charger un cargo de 6 000 tonnes en 12 heures.
juste avant la guerre de 1914/1918 on extrayait entre 20 000 à 30 000 tonnes de minerai par an.
avant la construction des corons,les mineurs étaient logés dans un bâtiment appelé la cantine.
à gauche c'était les chambrées où on pouvait loger jusqu'à 100 mineurs.
à droite c'était le restaurant.
ce bâtiment existe toujours et aujourd'hui,il sert de restaurant pour les ouvriers de la centrale nucléaire.
pour faire fonctionner la mine,il faut de l'énergie. on a donc construit une centrale électrique.
l'usine électrique était pourvue de deux turbo alternateurs de 1 000 kw,qui étaient je suppose entrainés par des moteurs à vapeur.
le courant de 650 volts alimentait les ascenseurs, les pompes, les compresseurs d'air,le transbordeur,etc...
au début de la guerre la mine propriété de l'Allemand Thyssen a été mise sous séquestre.
la production s'arrêta,et les galeries faute de pompage furent noyées.
la production reprit en 1930,mais la crise passa par là,et le 31 Novembre 1931 la mine fut de nouveau mise à l'arrêt.
l'exploitation reprend en 1937,mais elle est de nouveau arrêtée à l'arrivée des Allemands en 1940.
après la 2éme guerre mondiale,la mine est gérée par une nouvelle société "les mines de Diélette"
les travaux pour la mettre hors d'eau démarrent en 1949,et après deux ans de remise en état,l'exploitation commence en 1951,pour s'arrêter cette fois ci définitivement en 1962.
la production était d'environ 150 000 tonnes par an.
l'arrêt est la conséquence des coûts d'exploitation importants face au prix du minerai venant d'Afrique,conjugué à la crise de la sidérurgie.
comparé à une mine sur le continent,il y a ce gros problème : l'eau s'infiltre dans les galeries à raison de 10 m3 à la minute.
il fallait chaque jours pomper 15 000 m3 d'eau pour que la mine ne soit pas innondée.
la salle des pompes à 150 mètres de fond en 1961.
en 100 ans d'exploitation,les mineurs ont extrait 2 500 000 tonnes de minerai,ce qui n'est qu'une petite partie du gisement qui était estimé en 1952 à 30 millions de tonnes.
le fonctionnement de la mine.
bien shématisé par ce dessin d'enfant.
on y voit les deux galeries,les fronts d'exploitation,le chemin suivi par le minerai qui descend jusqu'au fond de la mine pour y être chargé dans des wagonnets qui sont ensuite remontés par les ascenseurs.
arrivé sur le carreau de la mine le minerai est concassé,puis stocké avant d'être chargé dans les bennes du transbordeur,et déchargé dans les bateaux.
photos aérienne de la mine.
photos du pont transbordeur. "prises au musée"
chargement du minerai sur un navire de la SNC. "Société Navale Caennaise"
les mineurs.
en 1960,ils étaient environ 150.
les 6 photos suivantes datent de 1961.
le travail se déroulait en 3 temps.
le poste de minage.
il commence à 7h00 du matin.
il consiste à faire des trous de 2.50 mètres de profondeur dans le front d'abattage à l'aide de perforateurs pneumatiques comme celui ci.
une fois les trous fait,on les garnissait d'explosifs,puis les mineurs allaient se mettre à l'abri,et à 14h00 c'était le tir des explosifs.
à 14h30 les mineurs remontent,et le temps de prendre une douche,il est 15h00 et leur journée est finie.
à 15h00 une autre équipe attaque le post de chargement.
chaque ouvrier doit charger 10 wagonnets de minerai " 2.5 tonnes par wagonnet",et pour celà il ne disposaient que d'une pelle.
c'était un poste très dur!
ils arrêtaient à 22h30 pour remonter,et finissaient à 23h00.
le 3 éme post se passait dans la salle des pompes où se trouvaient 6 pompiers qui travaillaient 24 heures sur 24 par équipes de 2.
leur rôle primordial était la surveillance,et la maintenance des pompes qui évacuaient l'eau de la mine.
sans eux la mine serait innondée en quelques jours.
photos prises à 150 mètres sous la mer.
chargement des wagonnets dans l'ascenseur.
un ingénieur au fond.
au fil du temps une centaine de kilomètres de galeries ont été creusées.
les mineurs avant la descente.
il est a noter que ce travail était dur,et qu'il y a eu des accidents.
entre 1912 et 1966 33 hommes y ont laissé leur vie.
la mine fermée il restait la tour des ascenseurs des puits N° 3 ET 4,le concasseur,la centrale électrique,et le pont transbordeur.
mais en 1978 tout est détruit pour laisser la place à la centrale nucléaire.
l'outillage.
casque de mineur et lampes à carbure 1914.
casque avec lampe frontale électrique,et sa batterie 1961.
tout a droite de la photo,une lampe à carbure de 1912.
piolet
perforateurs pneumatiques.
cahier de contrôle de la lampisterie 1938.
il permettait de contrôler les horaires de travail des mineurs "en bleu",et de faire le total des heures "en rouge"
je n'ai pas demandé,mais je pense qu'à l'époque les mineurs étaient payés deux fois par mois.
la viste est agréméntée d'un documentaire d'une vingtaine de minutes,réalisé avec les témoignages d'anciens mineurs.
devant le musée de la mine on trouve le couvercle du puits N°1,creusé en 1860.
ont ne le vois pas bien à cause des reflets de la vitre,mais à l'intérieur il y a le seul wagonnet récupéré à la mine.
cette pierre marquait la concession de la mine de fer.
la Sainte Barbe.
c'est la patrone des mineurs,et aussi des pompiers.
elle se fête le 4 Décembre.
à Flamanville la tradition est toujours perpétuée par les anciens mineurs,et leurs descendants.
à l'époque de la mine c'était une grande fête populaire.
cet ornement en fleurs de papier était accroché au mur de la salle lors du banquet des mineurs.
pour l'annecdote,un film fut tourné à la mine de Diélette en 1946.
son titre: la maison sous la mer.
il a été réalisé par Henri Calef,d'après un roman de Paul Vialar.
l'histoire se passe à la mine de Diélette,et dans les corons.
il avait pour acteurs principaux Viviane Romance dans le rôle de Flore.
Guy Decomble: Lucien, le mineur, mari de Flore.
et Clément Duhour: Constant, l'étranger.
on y voyait aussi Annouk Aimée qui tournait là dans son premier film.
c'est l'histoire du trio classique: le mari,la femme et l'amant.
sorti en 1947 le film en noir et blanc n'eut pas le succés escompté.
il faut dire qu'à cette époque les cinémas projetaient des films Américains en couleurs qui attiraient bien plus de spectateurs.
dans les années 1980 le film est ressorti en cassette VHS. on peut se le procurer au musée.
deux liens vers des extraits du film.
sur cet extrait du film on voit le travail dans la mine.
si vous passez par Flamanville n'hésitez pas à visiter ce superbe musée.
Musée de la mine de Diélette.
salle du Rafiot à Flamanville. "à côté de l'église"
il est ouvert tous les jours en Juillet et Août de 14h00à 19h00.
tél : 02 33 87 66 67
Port : 06 42 62 40 22
entrée 2.5 € par adulte.
durée de la visite 90 minutes.
il est déjà 16h30 quand je quitte le musée de la mine,et il me reste encore plein de choses à découvrir.
je fonce au château de Flamanville.
il a été construit au XVII éme siècle par le marquis de Flamanville, Jean-Joseph Le Conte de Nonant.
il est bien sûr construit avec du granit provenant des carrières de Diélette.
un petit coup de zoom pour voir le château qui appartient aujourd'hui à la ville de Flamanville.
et avec le zoom à fond je peux même lire l'heure à l'horloge.
sous l'horloge,le blason de la famille Le Conte de Nonant.
le parc est immense.
on y propose plein d'activités dont des balades à poney pour les enfants.
retour sur la place de l'église Saint-Germain, qui date du XII éme siècle.
en face la tour Jean Jacques.
elle daterait des années 1730.
à l'intérieur,c'est une véritable petite maison qui était destinée à accueillir le célèbre penseur français : Jean-Jacques Rousseau.
mais il n'y vint jamais.
je reprends ma route,en longeant la centrale nucléaire,et j'arrive à la Cantine.
le bâtiment construit vers 1912 a gardé son aspect d'origine.
un peu plus loin,c'est là que tout a commencé,avec les carrières de Diélette,aujourd'hui transformées en parking.
sur la jetée en face une plaque...
en face le socle du Wharf.
la structure de chargement a été démontée.
la digue du port de Diélette.
le puits N°1 se trouvait au pied de cette digue.
nouvel arrêt près de la jetée Sud de l'avant port de Diélette.
la plage de Diélette.
pose photos sur la jetée nord.
la côte vers Siouville.
il y a peu de plaisanciers,les pontons sont vides.
17h30 détente sur la plage de Siouville.
Siouville est une petite station balnéaire de la côte,qui possède une école de surf.
la plage avec au loin la centrale de Flamanville.
un coup de zoom,et derrière la colline on aperçoit le réacteur N° 2 à gauche,et l'EPR à droite.
je ne suis pas franchement anti nucléaire,mais j'avoue que l'EPR me fait peur.
trop de problèmes et de malfaçons à la construction,ça n'inspire pas vraiment confiance...
bon,ce n'est pas tout ça,mais on est là pour rouler avec la Terrot,et justement quelques kilomètres plus loin à la sortie d'Héauville,je fais une pose,car les routes sont défoncées,et mon dos crie pitié.
10 kilomètres plus loin,nouvelle pose au Bois du Mont du Roc.
il y a de belles balades à pied à faire dans la forêt.
nouvelle arrêt photo à Martinvast.
sympa le petit manoir au fond du parc!
enfin,me voici de retour à Cherbourg,pour une halte rapide chez Dafy moto.
sur le parking une Ural.
un dernier détour par la boulangerie.
photo prise à la sauvette pendant que j'attends mon tour.
18h30 me voilà de retour à la maison.
la Terrot a fonctionné comme un charme,et elle affiche 72 kilomètres de plus au compteur!
j'espère que ce post vous a plu.
il m'a demandé beaucoup de travail de documentation,et de préparation,et pas mal de boulot pour sa rédaction.
si vous passez par le nord Cotentin,il faut absolument visiter le musée de la mine à Flamanville.
la vie ça roule en 350 Terrot HDA!